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De l'Italie à la vallée du Louron : un Montespan à Cazaux-Debat

par amisdecazaux 6 Décembre 2011, 20:48 Histoires du village

Les anciens seigneurs de Montespan descendent d’Arnaud de Comminges, dit d’Espagne. Cette famille, dont le château principal se situait à Montespan, localité du Comminges à proximité de Montréjeau, était proche du roi de France depuis la conquête du comté de Toulouse, au début du XIIIeme siècle. Jusque là, le comté du Comminges était vassal du roi d’Aragon. 

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Château de Montespan ; le nom est une déformation de Mont d’Espagne, du nom de la famille qui habitait le château

 

Arnaud d’Espagne participa aux batailles de  Furnes en 1297 et de Mons en 1304, aux côtés de roi de France, Philippe le Bel. 

L’origine de cette illustre famille semble être située à Bordères-Louron et les  villages des Bareilles, de Ris et de Cazaux, « du pays d’Aure », faisaient partie de leurs terres. Pour s’y rendre, ils devaient remonter la vallée de la Barousse jusqu’au col de Pierrefitte, passer au lac de Bordères, remonter le chemin qui mène à Ris puis descendre à Bordères. 

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Cromlechs et menhir du col de Pierrefite : c’est un lieu de passage très ancien…

 

En 1521, Roger d’Espagne rejoint l’armée du roi de France qui se bat en Italie. Cette campagne se termine mal, à Pavie en 1525.

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La bataille de Pavie. Juan de la Corte

Le roi de France, qui manque de chevaux pour sa cavalerie, a divisé ses troupes en envoyant deux corps d’armées au sud de l’Italie et décide de se battre sur deux fronts, contre les assiégés de la citadelle de Pavie et l’armée de secours, est écrasés par les troupes de Charles Quint. Plusieurs de ses principaux généraux sont tués au combat, lui-même est prisonnier. C’est aussi le cas de Roger d’Espagne. Les prisonniers les plus illustres sont libérés après remise d’une rançon. Pour les moins illustres, ils finissent aux oubliettes, s’ils n’ont pu déserter avant, ou rejoignent les galères des vainqueurs.  Roger d’Espagne est dans la première catégorie.

Au pays, sa mère, Louise d’Aure, s’active pour réunir la rançon, vend les bijoux de famille, emprunte, fait le tour des communautés villageoises. Les paysans négocient. Ils ont un certain nombre de points à régler, qui dépendent du seigneur, et ce dernier a besoin d’eux pour quitter sa geôle. Quand la somme est enfin réunie, Roger d’Espagne revient chez lui. Il doit faire le tour des communautés, régler les litiges et redéfinir les liens seigneuriaux avec les communautés dont il est le « noble et puissant seigneur ». Il quitte son château, passe par le château de Bonrepos, pour que le seigneur du lieu, Guilhomme de Caplong, l’accompagne. Il a besoin de montrer sa puissance, et aussi, d’avoir à ses côtés un conseiller impartial et habile à démêler les histoires embrouillées des bergers du Louron. Ensemble, ils passent le col de Baldès, au fond de la vallée de Barousse, puis le col de Pierrefite. Il fait froid, il y a sans doute de la neige. Nous sommes à la fin du mois d’octobre 1532.

A Cazaux-Debat, la communauté villageoise souffre depuis sont origine d’un manque de pâturage d’altitude. Les communautés de Ris, de Bordères ou des Bareilles ont des « montagnes » qui sont situées autour du lac de Bordères, sur les pentes du col de Pierrefitte et du col de Peyresourde. Les éleveurs de Cazaux sont en conflits avec eux. Pour ces communautés, l’accès en été aux pâturages d’altitude est vital. Les conflits avec les autres communautés peuvent être violents, entrainer des vols de bétail, voire des blessés ou des morts. Le seigneur le sait et son entremise est nécessaire pour rétablir la concorde entre ses diverses communautés. Pour lui, se sera l’occasion d’accroitre quelque peu ses revenus.

C’est ainsi que Cazaux-Debat obtint le droit de faire pacager ses troupeaux à la « forêt de Lerm », aujourd’hui dépourvu d’arbre. C’est un endroit situé au dessus du lac de Bordères, vers le chemin qui mène à Ris, en dessous du pic de Montious.  

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Lac de bordères vue depuis le Mont Né ; à gauche, en dessous du lac, le chemin qui mène au col de Pierrefite. A la droite du lac : la « forêt » ou montagne de Lerm

La charte signée en 1532 par les représentants du seigneur, de Cazaux-Debat, de Ris et de Bordères, allait permettre désormais aux habitants de Cazaux-Debat de pouvoir mener chaque été leurs troupaux aux estives. La modestie de ces derniers aura toutefois toujours pour effet de limiter l'importancedes troupeaux du village et donc, sa démographie. Le signeur Roger d'Esapgne mourrut sans postérité. Sa nièce avait épousée un seigneur de Pardailhan de Grondin, duc d’Antin et leurs terres furent érigées en marquisat en 1612, pour le comportement de la famille au service du roi Henri IV.

Parmi ses descendans, les plus connus sont le Marquis de Montespan, mari de la favorite de Louis XIV, et leur fils, le duc d'Antin. Ce dernier fit ouvrir la carrière de Beyrède qui fournit le marbre de Versaille.

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 Louis Antoine de Pardaillan de Gondin, Duc d'Antin

En 1842, le descendant des Montespan (la branche officielle, et non pas les batards royaux  de la Marquise de Montespan et de Louis XIV), qui s’appelait Armand Géraud Victurnien Jacques Emmanuel de Crussol, duc de Crussol (1837-1842) puis 11e duc d'Uzès (1842),  député à la Chambre des députés de 1843 à 1848 et au Corps législatif de 1852 à 1857., revendiqua ses droits sur la forêt de la communauté des Bareilles (Pouy, Is et Bareille, appelée alors Gedre). Un acte du 25 janvier 1532 du seigneur Roger d’Espagne lui ouvrait la faculté de tirer du bois de la forêt, et il entendait ouvrir une scierie. Le procès  dura en longueur, et le 30 juillet 1850, le duc gagna son procès à Bagnères. Prudemment, le maire de Cazaux-Debat, détenteur de l’original du traité concernant sa propre commune, fit réécrire par le secrétaire de mairie le document. 

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