Le site du Mail de Lagarde se situe à 1010 m d'altitude sur un promontoire rocheux au sommet d'une petite montagne qui contrôle l'entrée de la vallée du Louron et domine depuis le sud le bassin d'Arreau et la confluence entre les Nestes d'Aure et du Louron. Situé en position stratégique, il se présente sous les traits d'une plateforme sommitale adossée à une falaise et des pentes abruptes au sud et à l'est et enserrée au nord et à l'ouest par un talus anthropique d'environ 175 m de long qui vient former un espace clôt d'environ 1 ha.
Cette configuration se rapproche ainsi des établissements fortifiés de type appui sur escarpement à gradin (Gardes et alii 2020 : 411). Au sommet du talus, un mur en pierre d'une largeur d'environ 1 m vient compléter le dispositif défensif et clôturer symboliquement le site. Bien qu'aucune structure en bois associée au mur n'ait été identifiée lors des sondages, ce dernier devaient possiblement fonctionner avec une palissade compte tenu de sa faible élévation (0,50 m maximum). Par ailleurs, le pied du talus ne semble pas avoir disposé d'un fossé en raison sans doute de la pente naturelle déjà conséquente qui s'y développe.
Le pla Dero Croua domine la crête à droite de la photo, derrière le rocher de la Pène que l'on voit en blanc
À l'intérieur de l'enceinte, les sondages archéologiques réalisés en 2024 ont permis de mettre au jour une succession de niveaux d'occupation et de circulation caractérisés par la présence de fragments de céramique à plat. Au moins quatre grandes phases d'occupation ont d'ores et déjà pu être identifiées, dont possiblement une antérieure à l'aménagement du talus, mais l'emprise très réduite de l'opération laisse la possibilité d'une stratigraphie plus complexe dans d'autres secteurs du site. À proximité du talus, plusieurs structures sur poteaux de bois ainsi qu'une probable sablière basse ont été documentés témoignant ainsi d'un espace occupé par des bâtiments. Malheureusement, la fouille en sondages ne permet pas à ce stade d'en proposer un plan d'autant qu'aucun niveau de sol de bâtiment n'a été mis au jour. On soulignera cependant, à l'instant d'autres établissements de hauteur protohistoriques, une concentration de structures à proximité de l'enceinte par opposition à une partie centrale d’apparence moins occupée - pour ce qu'il est possible d'en percevoir actuellement. Concernant la fonction de l'établissement, la présence d'un espace fortifié, la fréquentation somme toute assez longue du site et le mobilier céramique suggèrent qu'il s'agisse d'un habitat pérenne et/ou lié à une activité spécifique.
Pour ce qui est de la datation, bien que la quantité de mobilier céramique récolté soit assez modeste (329 fragments), très fragmentées et très érodés, la série semble homogène et pourrait correspondre ainsi à une seule période. Par ailleurs, on notera l'absence dans les sondages de mobilier lithique ou métallique mais également de faune ou de restes végétaux qui n'ont donc pas offert la possibilité de procéder à des datations par carbone 14. En revanche, les comparaisons stylistiques et technologiques effectuées avec le mobilier céramique provenant de d'autres sites protohistoriques fouillés dans l'aire pyrénéenne – par ailleurs peu nombreux – permettent de proposer l’établissement du Mail de Lagarde un horizon chronologique centré sur le Campaniforme et/ou l'âge du Bronze ancien, soit autour de 2500/1900 av n. è.. Cependant, une augmentation significative du corpus céramique serait nécessaire afin de confirmer cet hypothèse.
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