Au début du vingtième siècle, le village est marqué par l'avancée du progrés : pendant 30 ans, le maire de Cazaux-Debat, Louis Rey, se bat pour que chaque maison du village reçoive l'eau potable dans sa cuisine. Jusque là, il fallait aller chercher l'eau aux fontaines de la carrère, la rue en pente du village, ou pour avoir une eau plus potable, aller jusqu'à Houtadaous. Un deuxième évènement marque l'histoire du village : l'édification d'un canal qui sépare la forêt de Cazaux-Debat en deux parties, sur le versant ombré.
Le canal en construction, entre Bordères-Louron et Ilhan
I L’usine de Bordères :
Au début du XXème siècle, la compagnie des chemins de fer du midi développe ce mode de transport dans le Sud-Ouest de la France. Elle a un problème : elle n'est pas reliée directement au neud ferrovière de Paris et n'a pas accès aux centres de production de charbon, qu'elle doit importer de Grande Bretagne. Elle décide donc d'électrifier son réseau, en exploitant par la construction de barrages la force hydrolique des torrents pyrénéens pour fabriquer l'électricité nécessaire à son réseau. Quelques entrepreneurs audacieux se lancent dans la constructions de barrages, centrales, tunels d'amenée d'eau et canaux divers.
A Arreau, les ingénieurs posent fièrement sur leurs engins ultra moderne
Le premier projet de construction d'une centrale hydroélectrique à Arreau remonte aux années 1907-1908 à l'initiative de la Société industrielle Perrin, Chuzel, Planche et Cie de Chambéry. En mars 1911, la Société signe un traité avec la commune d'Arreau obtenant le droit de dériver les eaux de la Neste du Louron entre Avajan et Arreau en passant sur des terrains communaux. La première centrale, couplée à un moulin, est construite entre 1911 et 1913 par l'entreprise F.Thévenot fils, de Bordeaux, qui est également l'auteur des plans. Pendant la Grande Guerre, l'Etat reprend la concession afin d'alimenter en électricité la poudrerie de Lannemezan. Après la guerre, la concession est confiée à la Société des Produits Azotés (siège social à Paris, 2 rue Blanche). La nouvelle centrale est mise en service en 1922. Equipée de 2 turbines Francis, sa puissance est aujourd'hui de 10 millions de Watts pour une chute de 162m et un débit de 7, 4 m3/s. Bien qu'elle soit située sur le territoire d'Arreau la centrale porte le nom de Bordères car elle utilise les eaux de la Neste du Louron captées entre Avajan et Bordères-Louron.
L'usine hydroélectrique de Bordères, à Arreau aujourd'hui
Le canal de dérivation, entièrement couvert, a une longueur de 6960 mètres, avec un dénivelé d’environ 8 mètres. La prise d’eau est effectuée au niveau du barrage sur la Neste à AVAJAN. Elle est à nouveau confiée en août 1917 à la société Thévenot et Fils.
Le canal est terminé à Avajan
L'usine en construction à Arreau
La construction du canal a représenté, pour CAZAUX-DEBAT, une source de problèmes divers : la baisse du niveau de la Neste, liée à la construction de barrages sur cette rivière, dont celui d’Avajan, a entrainé la fermeture de la scierie et des moulins, qui fonctionnaient à la force hydraulique produite par l’eau de la Neste. La construction du canal a également rendue plus difficile l’exploitation forestière, qui constituait un revenu appréciable pour la commune et les particuliers. Le maire de Cazaux-Debat, Louis Rey, propriétaire de la scierie située à La Prade, est ruiné. Il décède en 1927.
Louis Rey de rendant à Arreau, début du XXème siècle
Un conflit juridique oppose la commune à l'Etat. Il ne fut réglé qu’en 1926. En contrepartie de la construction du canal, le village reçoit gratuitement 5kw/heures par convention, pour une durée de 75 ans. Ainsi, les habitants de Cazaux-Debat n'ont pas eu à payer l'électricité jusque dans les années 1990. Ce système était pervers : 5kw/h, c'était peut être beaucoup dans les années 1910, mais c'était trés peu pour tout un village à partir des années 1960. Aussi, toute nouvelle installation de personnes à Cazaux-Debat n'était pas possible, car le partage de l'électricité ne pouvait se faire. La démographie a chutée, de 75 habitants en 1900 à 12 en 2000. A partir du moment ou le système de fourniture d'électricité est devenu conforme au droit commun, il a été possible de développer les chauffages électriques, de s'équiper en électroménager, congélateurs, etc. et d'accueuillir de nouveaux résidents. La population a donc doublée en 10 ans, sans compter les résidences secondaires.