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Il y a 100 ans : les frères Ferrou et Pierre Ferras combattaient au Chemin des Dames

par amisdecazaux 15 Avril 2017, 13:21

Les troupes françaises prêtes à monter à l'assaut

Les troupes françaises prêtes à monter à l'assaut

En 1917, avec le printemps, ce fut le retour de la grande offensive annuelle préparée avec soin par l’Etat-major parisien. Elle devait avoir lieu au Chemin des Dames, un secteur que le 18ème RI avait souvent côtoyé depuis le début de la guerre. Sur le papier, le général Nivelle avait tout calculé, tout évalué, tout prévu.

Comme à Verdun pour les Allemands, comme sur la Somme pour les Britanniques, la bataille du Chemin des Dames fut une catastrophe pour les fantassins français. Le terrain était en effet particulièrement difficile. Il s’agissait de monter sur un plateau par des chemins abrupts et argileux, où l’adversaire avait renforcé ses défenses. Il utilisait en particulier des galeries naturelles du sous –sol pour se déplacer et surgir dans le dos de l’ennemi.

L’attaque menée le 16 avril 1917 fut un échec. La pluie et les bombardements avaient rendu le terrain très glissant. En 8 jours, 134 000 hommes furent mis hors de combat. L’offensive fut suspendue, puis reprit.

Les troupes françaises à l'assaut

Les troupes françaises à l'assaut

Les allemands parfaitement prêts pour le combat

Les allemands parfaitement prêts pour le combat

Le village de Craonne, avant l'offensive

Le village de Craonne, avant l'offensive

le village, aprés les premières offensives

le village, aprés les premières offensives

Le 4 mai vers 18 heures, le 18ème RI attaquait. En 20 minutes, il réussit à prendre pied sur le plateau de Californie et s’emparait du village de Craonne. Le 5 mai, le régiment parvint à progresser et à consolider ses positions, mais ses pertes furent terribles. 11 officiers, 26 sous-officiers, 548 caporaux ou soldats avaient été tués ou étaient portés disparu, et 529 de ses combattants étaient blessés.

Le régiment fut cité à l’ordre de la Xème armée. Il obtint la fourragère aux couleurs de la croix de guerre, une décoration nouvellement créée. Pierre Ferrou fut cité à l’ordre du jour du régiment le 19 mai 1917 : « Soldat d’élite, s’est porté à l’attaque du plateau de Californie le 4 mai avec le plus grand sang-froid et le plus grand courage. Le lendemain, s’est porté à l’attaque de la deuxième ligne allemande avec le même allant le même entrain, le même courage, le même succès. »

Charles Ferrou s’illustra lui aussi lors de la bataille du Chemin des Dames, où près d’un million d’hommes avaient été engagés. « Excellent fusiller mitrailleur, d’un calibre et d’un courage remarquable s’est toujours vaillamment conduit au feu. Vient de se signaler à Hourreau au cours de l’attaque du plateau de Vauclerc les 5 et 6 mai 1917 en contribuant grâce à l’emploi judicieux de son arme à enrayer une violente contre-attaque ennemie. » Lors de ces combats, 12 officiers et 245 hommes de troupes du 57ème RI avaient été tués, 10 officiers et 461 homme de troupes, blessés.

le plateau de Californie, où s'est illustré le 18eme RI

le plateau de Californie, où s'est illustré le 18eme RI

Des soldats français se détedent un peu, après l'offensive : "je dis que c'est une victoire parce que j'en suis sorti vivant" Henri Barbusse

Des soldats français se détedent un peu, après l'offensive : "je dis que c'est une victoire parce que j'en suis sorti vivant" Henri Barbusse

Après, les choses se gâtèrent pour la réputation du 18ème RI. Le 27 mai, alors que le régiment était en repos à Villers sur Fère, le bruit courut que des unités refusaient de remonter en ligne, que le 18ème devait les suppléer. Le vin aidant, une partie des soldats défila derrière un drapeau rouge, d’autres menacèrent des officiers avec leurs armes ou tirèrent des coups de feu. Les officiers et sous-officiers présents parvinrent à rétablir le calme et firent monter tout le monde dans les camions. 30 gendarmes furent envoyés sur place. Le 28 mai, Ils procédèrent à 130 arrestations. Les meneurs de la manifestation avaient disparu pour la pluparts.

Les directives du haut commandement furent appliquées. On arrêta des soldats de différents grades, différents régions de France, pour ne pas donner prise à un sentiment de stigmatisation des uns ou des autres. Les conseils de guerre rendirent leur sanction avec les mêmes soucis de frapper les éléments « à problème », à respecter les grades, la provenance géographique. 67 soldats furent punis de 30 jours de prison, 37 de 60 jours et 14 affectés dans des sections spéciales au terme des 60 jours de prison. Parmi les 12 soldats déférés devant le conseil de guerre de la division, 5 furent condamnés à morts. Parmi les 5 condamnés, un fut gracié par le Président de la république, un autre, Vincent Moulia, parvint à s’évader. Il avait été traduit en Conseil de guerre car il manquait un caporal. Ceux qui avaient été arrêtés étaient absents du lieu de la mutinerie et avaient dû être relâchés. Vincent Moulia était un soldat sans histoire qui aurait dû bénéficier de la grâce. Il fut enfermé à part, dans une pièce non gardée et dont la porte fermait mal. Il put s’enfuir, profitant d’un bombardement. Il se réfugia en Espagne pendant près de 20 ans. Gracié en 1936, il fut réhabilité en 1984, quelques mois avant sa mort.

Les 3 autres, Jean-Louis Lasplacettes, Casimir Canel et Alphonse Didier furent fusillés à 4 heures du matin, le 12 juin 1917. Alphonse Didier était un vosgien, le seul des cinq condamnés dont la grâce n’avait pas été demandé au Président de la République. Avant de mourir, il confia à l’aumônier, l’abbé Bergey : « Vous écrirez à mon père et à ma femme que j’ai été fusillé pour mes idées... Vous qui parlez aux chefs, il faut leur dire que les hommes en ont assez de cette boucherie. On souffre trop, on nous avait bourré le crane avant de monter... ».

Ils furent amenés dans un pré, à côté du cimetière de Mézy par 3 pelotons de 50 hommes du 18ème RI. Un soldat leur banda les yeux et les fit mettre à genoux. Les tambours battaient la mesure, les unités représentant le régiment étaient au garde-à-vous. 3 pelotons d’exécution composés chacun de 4 sergents, 4 caporaux et 4 soldats parmi les plus anciens du régiment abattirent chacun des trois hommes de 12 balles dans la poitrine. Un sous-officier donna le coup de grâce. Après l’exécution, les unités présentes défilèrent devant le général Hirschauer, chef du 18ème corps d’armée, et devant les cadavres de leurs trois camarades.

Le régiment eu alors droit à une période de repos et d’exercice à l’arrière. Le général Hirschauer lui remis la fourragère pour son comportement à Craonne.

Une excécution : le suplicié était à genoux

Une excécution : le suplicié était à genoux

A la suite de ces combats et par crainte de mutineries de grande ampleur, le gouvernement et le grand état-major décidèrent de suspendre les grandes offensives dans le secteur du Chemin des Dames. Le général Nivelle avait été remplacé dès le 15 mai par le général Pétain qui prit diverses mesures pour mettre fin aux mutineries et relever le moral des troupes.

Il prit des mesures pour faciliter les déplacements des permissionnaires. Jusque là, ceux du sud ouest devaient compter 2 jours au moins pour rentrer chez eux et 2 autres pour retrouver leur régiment, dans des trains surchauffés et sur peuplés, pour une semaine de permission.

A l’été, l’offensive sur le fort de Malmaison mené avec des chars d’assaut fut un succès. De nombreux Allemands furent faits prisonniers et le plateau de Craonne était conquis.

Il y a 100 ans : les frères Ferrou et Pierre Ferras combattaient au Chemin des Dames

En 1914, Pierre Ferras, modeste valet de ferme originaire de Bareilles, était déclaré bon pour le service. Il rejoignit le 49ème RI le 19 février 1915. Il avait alors 30 ans et il était célibataire. Dominique, son frère cadet, était mort en décembre 1914, tué par un obus. Son corps ne fut jamais identifié. Le 49eme RI, basé à Bayonne, dit « le régiment des basques ». Pierre Ferras connut la bataille de Verdun. Le 49ème RI était au Chemin des Dames. Avec le 18ème RI, il prit part à l’attaque du plateau de Craonne les 4 et 5 mai 1917.

Le monument des Basques

Le monument des Basques

Début 1918, les Allemands reprirent l’offensive à l’ouest, vers Paris. Le chemin des Dames, Craonne, le plateau de Californie, la caverne du Dragon étaient repris. Ce n'est que lors de l'offensive final en octobre 1918 que le chemin des Dames était définitivement conquis par les armées alliées.

Charles Ferrou, ancien combattant qui s'est illustré au Chemin des Dames

Charles Ferrou, ancien combattant qui s'est illustré au Chemin des Dames

Pierre Ferras, ancien combattant du Chemin des Dames

Pierre Ferras, ancien combattant du Chemin des Dames

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commentaires
A
j'aime me promener ici. un bel univers. venez visiter mon blog (cliquez sur pseudo) merci
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