L'église paroissiale de Saint-Saturnin de Cazaux-Debat est située à l'extrémité sud du village. L'église est de style roman, comme l'atteste le portail d'entrée et le tympan à chrisme (monogramme du Christ).
La clé de voûte du chœur est ornée de deux fleurs de lys, soit pour rappeler le rattachement des Quatre Vallées à la couronne de France à la fin du XVeme siècle, soit pour rappeler le ralliement de la Maison d’Espagne – Montespan aux rois de France. L'ordonnance établie en 1664 après la visite de l'évêque indique que la sacristie a dû être construite peu après. La nef a été agrandie par la construction de deux chapelles latérales au début puis à la fin du XIXème siècle.
L'église, avec son clocher-mur à l'ouest s'ouvre sur une nef prolongée par une abside semi-circulaire. Au sud se trouve la sacristie.
Le clocher-mur à deux baies a été bâti sur le modèle de ceux des édifices romans de la vallée. La nef et le chœur sont dotés de voûtes d'ogives.
À l'intérieur l'église comporte une cuve baptismale à pied gothique, un bénitier à cordelière du XVIème siècle, un Christ du XVIIIème siècle, des statues de bois polychromes du XIXème siècle.
Une histoire tourmentée
Il est possible que la construction de l’église, la nef et l’abside, remonte au moyen âge. La création du village semble remonter au IXème siècle après JC. Le domaine a dû être concédé à des familles libres par les barons d’Espagne, d’où le nom du village. Le nom de l’Eglise, les fleurs de Lys, évoquent un lien avec Toulouse, Saint Saturnin étant le nom de l’évêque martyr de Toulouse ville prise par les croisés au début du XIIIème siècle lors de la bataille de Muret et pour entrer, avec le comté, dans le patrimoine du roi de France. Vassaux des comtes de Foix qui continuaient la lutte contre le Roi de France, les barons d’Espagne se rallièrent à Philippe le Hardi et créèrent avec lui la ville de Montréjeau.
Au XVIème siècle, le diocèse de Comminges et son évêque prirent le parti de la ligue catholique contre le roi de France. Les églises furent mises en état de défense par l’évêque de Saint Gelais de Lansac, qui rêvait d’une Suisse Pyrénéenne. Durant cette période, les vallées s’enrichirent par le commerce avec l’Espagne, la contrebande d’armes, de mulets et de chevaux pour le compte des belligérants de la plaine, sans subir de dommage. Au XVIème siècle puis au début du XVIIème siècle, les évêques Jean de Mauléon puis Barthélémy de Donadieu de Griet firent peindre des fresques dans les églises, pour enseigner les évangiles à la population largement analphabète. Ces fresques sont aujourd’hui l’objet d’une redécouverte à l’église de Cazaux – Debat.
A la fin du siècle, un autre évêque, de Choiseul, fit recouvrir toutes ses fresques, construire la sacristie, rétablit la discipline dans le clergé en écartant les prêtres « de maison » et en éloignant physiquement dans les églises les représentants des familles principales qui siégeaient autour de l’hôtel. Cela entraina un mouvement d’anticléricalisme fort qui trouva son paroxysme à Cazaux –Debat en 1792, par la mise à sac de l’église paroissiale. Le curé fut mis en fuite. C’était un réfractaire formé par les jésuites. Le village fut prié de curé pendant une vingtaine d’années, jusqu’en 1815 où la cure fut rétablie. Les relations avec le nouveau vicaire furent orageuses. Les procès de part et d’autres se multiplièrent et le curé dû quitter la paroisse. Un nouveau vicaire fut nommé 20 ans plus tard, en 1857. Il fut bien admis par la population et réussi à faire restaurer l’église et le presbytère :
Il y a 166 ans, déjà….
2eme arrondissement des Hautes Pyrénées
A sa Majesté l’Impératrice des Français
Commune de Cazaux-Debat
Madame,
Les soussignés vicaire, maire, membres du Conseil municipal et autres habitants de Cazaux-Debat canton de Bordères, arrondissement de Bagnères, département des Hautes Pyrénées, ont l’honneur de vous exposer que depuis environ un an, ils ont obtenu un vicariat impérial. Satisfaction donc pour eux qui avaient été privés durant vingt ans de prêtre !
En l’absence du ministre de Dieu, l’église et le presbytère, où il n’a été fait que les réparations absolument nécessaires pour les empêcher de crouler, sont tombés dans un tel état de délabrement qu’à l’arrivée du prêtre ils étaient devenus à peu près impropre à leur destination.
L’église néanmoins aujourd’hui, grâce aux bienfaits et aux largesses de quelques personnes charitables, se trouve non pas sans des besoins réels, mais avec le strict nécessaire pour pouvoir célébrer dignement les offices divins.
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du presbytère, qui n’est plus habitable et l’administration communale chargé de pourvoir à ces réparations, ne dispose d’aucun revenu. Les habitants, qui doivent de cotiser pour compléter le traitement du vicaire, sont en général voisins de l’indigence. Vouloir donc leur demander un seul supplément pour réparer le presbytère serait leur demander un sacrifice qui est au-delà de leur force. Que reste-t-il donc à faire ? Ce qu’ils ont fait pour les réparations de l’église. Pauvres, ils doivent avoir recours aux cours généreux. Mais à qui s’adresseraient-ils mieux qu’à vous, Madame, qui depuis que la Providence vous a élevé sur le trône ne semble être placée là que pour faire le bien ?
Veuillez donc vous souvenir que vous en ferez un grand en accordant à Cazaux-Debat quelques secours pour restaurer un peu son presbytère. Il a le ferme espoir que sa prière sera écoutée, et qu’il comptera bientôt parmi ses nombreux protégés.
En attendant, veuillez agréer, Madame, l’hommage du profond respect avec lequel les soussignés ont l’honneur d’être,
Votre Majesté
Les très humbles, fidèles
Et obéissants serviteurs et sujets
Cazaux- Debat, juillet 1857
Carrère Jacques Ferrou
Davezan Fontan
Davezan Fontan Ferrou
Soutiras Verdier Bégué
Soutiras Carrère Fontan
Vincent Fontan, maire
Massé, vicaire